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La Tribune des Jeunes Esprits Libres

Le Grexit : Chronique d'une crise volontaire

Le 5 Juillet 2015 sera peut-être une date importante de l'histoire, une date noire illustrant l’échec de la coopération et la victoire du capitalisme financier et inhumain. La fin de la zone euro et de l'Union Européenne.

 

Pour certains c'est peut-être une bonne nouvelle et pourtant la fin de l'UE montre des faiblesses du système mondial beaucoup plus importantes que la simple chute d'un petit Poucet de l'UE.

 

Je ne m’en cache pas, je suis pro-européen mais en aucun cas je ne défend l'austérité ou la dictature des créanciers paniqués à l'idée de vouloir faire participer le peuple à un référendum alors que le pays se retrouve dans une crise humanitaire. Pourtant ce référendum ne donne pas vraiment de choix, c'est comme décider de mourir brûlé ou noyé. Ils se retrouvent à devoir choisir s'ils acceptent les conditions inhumaines des créanciers qui mèneront le pays à une crise plus forte avec plus de pauvreté et moins de couverture sociale, ou bien refuser pour se faire ensuite sortir de la zone Euro et se retrouver confronté à une monnaie dévaluée, des attaques spéculatives, un recul en gamme de sa production et là encore une protection sociale de plus en plus faible. Dans les deux cas, la Grèce se retrouve dans une situation encore plus dégradée que celle dans laquelle elle est déjà. Le pire, c'est de voir pourquoi et comment on en est arrivé là.

 

L’élection de Syriza aurait pu être un nouveau souffle pour l'Europe coincée dans des doctrines que même les premiers fondateurs rejettent aujourd'hui. Ils ne voulaient pas sortir de l'Eurozone et étaient prêts à négocier, pour ensemble, trouver une solution plus adéquate à leur situation plus que précaire. Mais non, les créanciers en ont décidé autrement, poussant le pays à réduire encore plus le pouvoir d'achat des plus pauvres. Augmenter la TVA, réduire les pensions, réduire les fonctionnaires, mais aucune proposition pour aider la Grèce à lutter contre l'évasion fiscale des plus riches. Dans un pays où les inégalités et le chômage n'ont cessé d'augmenter à cause des mesures déjà prises, vouloir continuer sur cette route est forcément absurde surtout quand les économistes du FMI dénoncent eux-mêmes que cette politique n'aidera pas la Grèce.

 

De plus ce n'est pas comme si la Grèce n'avait pas fait de concessions en acceptant d'augmenter la TVA sur certains produits et de mettre fin aux privilèges des zones touristiques, qui sont pourtant les moteurs de l'économie. Surtout que si l'on revient en arrière, cette dette, qui est aujourd'hui le point principal de désaccord dans les négociations, n'est pas de la seule responsabilité de la Grèce. Certes ils ont menti sur le niveau de leurs endettements mais dans un système financer de plus en plus performant et rapide, il y a très peu de chance que d'autres banques d'affaires qui notaient la Grèce, n'est pas été misent au courant. On sait d’ailleurs que le FMI a aussi aidé la Grèce à rentrer dans la zone euro, malgré des risques déjà visibles. Les responsabilités sont donc partagées avec de grands jeux de complicité entre les acteurs. 

 

Au final si chacun reconnaissait ses erreurs, les discussions seraient déjà beaucoup plus simples. DSK lui-même ancien président du FMI au début de la crise grec avoue que le FMI à aujourd'hui une part de responsabilité avec la situation actuelle. Les politiques d'austérités de l'époque n'ont pas permis de réduire la dette.

 

Il y a aussi l'absurdité de ne pas vouloir négocier pour réduire la dette quand on sait que de toute façon le pays ne survit actuellement qu'avec les aides de l'UE. Autant annuler une partie de la dette tout en réduisant l'aide, pour que les fonds soient utilisés afin d'aider l'économie réelle, celle qui pourrait faire repartir le pays à long terme. Surtout que si l’on revient quelques années en arrière, lors de la crise de 2008, on a accepté d'aider les banques avec plusieurs milliers de milliards d'euro. Et maintenant on préfère laisser un pays faire faillite car le système lui, ne sera pas atteint. Il serait donc plus logique de sauver le capital des plus riches du monde mais absurdes de sauver les plus pauvres d'un pays.

 

Ce qui est le plus gênant dans cette situation c'est de voir que la coopération qui devrait être la force d'une union semble disparue. Alors que la Grèce était prête à des concessions, les créanciers semblent bloquer dans leurs objectifs sans vouloir, aussi, revoir leurs exigences devenues absurdes, au vue de la situation du pays. 

 

Pour moi cela montre une tendance qui va au-delà du problème Grec. On ne veut plus coopérer. Même le Royaume-uni, qui pourtant est dans une situation plus que favorable, semble choqué de se dire que sa contribution à l'UE (qui est infime dans son PIB) ne lui revient pas, mais va vers d'autres pays en retard économiquement. C'est vrai que là encore il est absurde d'avoir un système de redistribution qui ne va pas vers les plus riches, logique non? C'est comme si le RSA allait vers les patrons du CAC 40, la France serait sans aucun doute beaucoup plus forte.

 

Ce problème de coopération entre les Etats membres rend les problèmes de la zone Euro encore plus importants. Cette zone est incomplète, c'est ce qui amène aux crises structurelles que nous subissons. Aucune zone avec une monnaie unique et des pays hétérogènes ne peut fonctionner sans une union budgétaire pour pouvoir corriger les différences.

 

Ce qui me choque le plus c'est de dire que la sortie de la Grèce n'impactera que très peu l'UE. Sans doute, mais on oublie de dire que la Grèce se retrouvera durablement touchée par une crise que personne ne peut réellement chiffrer. C'est pour moi aussi l'échec de l'objectif de l'UE dans son ensemble: une union qui garantit la paix entre des pays avant ennemis mais qui devait aussi permettre de créer un rattrapage économique aux pays les plus faibles. La sortie de la Grèce, c'est refuser l'idée qu'on puisse s'aider pour aller plus loin. C'est aussi la fin de la démocratie où, finalement, l'UE a laissée les clefs de sa gestion aux marchés financiers loin de vouloir accepter des décisions démocratiquement votées. Le peuple grec se retrouve humilié et lynché parce qu'il ne souhaite qu'améliorer sa situation tout en restant dans l'UE.

 

Aujourd'hui c'est la démocratie qui est mise en danger par l'économie. Elle qui pourtant devrait être au service des citoyens pour permettre à chacun de vivre dans des conditions décentes et de pouvoir avoir un travail, une protection et de pouvoir réaliser ses rêves d’entrepreneur. Aujourd'hui, l'économie n'est plus qu'une dictature ou une poignée veulent pouvoir profiter des autres pour augmenter des revenus déjà indécents. Aujourd'hui on préfère favoriser les 1% les plus riches au lieu de se soucier des autres 99% de la population. Comment pouvoir imaginer une autre situation quand aujourd'hui la volonté d'un pays, de vouloir changer l'économie pour une Europe plus juste se retrouve mis a genoux. « L'espoir fait vivre » mais jusqu'à quand ?

 

En ce dimanche 5 juillet c'est notre démocratie qui est en danger. Ce n'est pas seulement la Grèce qui est en danger mais le droit de chacun de nous, citoyen lambda. Soutenons la Grèce pour une Europe plus sociale et plus démocratique, pas celle de la Troïka qui veut favoriser les banques et les grosses fortunes au lieu de s'occuper des plus pauvres. Nous ne sommes pas les 1% les plus riches mais les 99% qui veulent du changement, alors faisons entendre notre voix pour que le rêve des grecs et de l'anti-austérité ne soit plus qu'un simple référendum mais une vraie action pour notre avenir.

 

François – Master 2 d’Economie

Source Image : Internet

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